Inclusif : comment dire beau ? Conseils et astuces

Le compliment, ce geste anodin qui peut transformer une journée, se heurte parfois à un mur invisible : celui des mots figés, des formules toutes faites, d’une langue qui hésite à embrasser la pluralité. Quand dire « beau » ne suffit plus, comment fait-on pour saluer la beauté sans enfermer, pour toucher sans réduire à un simple adjectif ?

Exprimer la beauté, cela revient à naviguer entre la singularité de l’autre et les pièges de l’uniformité. Faut-il vraiment nommer un sourire irrésistible ou l’énergie qui émane d’une posture ? Quelques détours malins existent pour transformer le compliment en déclaration d’admiration, portée par la sincérité et la bienveillance. Donner du sens à ce simple « tu es magnifique », c’est parfois bouleverser l’ordre établi.

A lire aussi : Les nouvelles tendances de mode 2020

Pourquoi le mot « beau » interroge dans une démarche inclusive

Glisser un « beau » dans la conversation n’est jamais innocent. Le français, structuré depuis des siècles autour du masculin générique, accorde à ce terme une portée universelle… en apparence seulement. Car sous le vernis de la neutralité, tout un pan de la société se retrouve effacé. L’écriture inclusive ne cherche pas simplement à réformer la grammaire : elle bouscule l’ordre établi pour que chaque identité de genre puisse se reconnaître dans les mots du quotidien.

Remettre en cause le masculin générique, c’est engager un bras de fer contre les stéréotypes sexistes et l’invisibilisation des femmes. Ce n’est pas une lubie d’époque : depuis toujours, la règle veut que le masculin l’emporte. Résultat : le masculin s’impose comme norme, façonne l’imaginaire collectif, perpétue les inégalités, imprime les stéréotypes jusque dans les manuels. Face à cette tradition, l’Académie française joue les gardiens du temple et redoute le chaos linguistique.

A lire aussi : Choisir le meilleur jour pour porter un pull de Noël

L’écriture inclusive prend le contre-pied : la double flexion (« beau et belle »), le point médian (« beau·belle »), ou le recours à des adjectifs épicènes donnent à voir la diversité des genres. Et ce n’est pas qu’une affaire d’égalité femmes-hommes : inclure les personnes non binaires, questionner la rigidité des catégories, transformer la langue en outil de communication inclusive, voilà le cœur de la démarche.

  • Se contenter de « beau », ce n’est pas anodin : la communication inclusive incite à diversifier les formulations et à explorer des alternatives neutres ou épicènes.
  • La diversité des genres s’affirme dans une langue qui refuse l’ordre hiérarchique du genre grammatical.

Ce débat déborde la simple syntaxe. Il touche à l’égalité, à la reconnaissance de toutes les identités, dans une société où le langage façonne autant qu’il reflète le réel.

Quelles alternatives pour exprimer la beauté sans exclure ?

Réinventer le compliment, c’est s’ouvrir à la formulation inclusive. Le temps du « beau » tout-puissant est révolu. Plusieurs leviers existent pour rendre visibles toutes les identités de genre sans sacrifier la spontanéité.

  • Double flexion : écrire « beau et belle » ou « beaux et belles » pour les groupes, comme le recommande le Haut Conseil à l’égalité. Chacun y trouve sa place.
  • Point médian : « beau·belle », « beau·elle » : une version ramassée, qui permet à l’écriture inclusive de s’inviter sans lourdeur dans la phrase.
  • Formulations épicènes : choisir des adjectifs qui ne marquent pas le genre : « magnifique », « splendide », « superbe », « élégant·e », « rayonnant·e »…

Les néopronoms comme « iel », « celleux » s’ajoutent à la palette, tout comme la féminisation des noms ou l’accord de proximité. Ces pratiques rendent justice aux personnes non binaires et ébranlent la suprématie du masculin.

Méthode Exemple
Double flexion Ce candidat, cette candidate est beau et belle
Point médian Beau·belle
Formulation épicène Magnifique, remarquable
Néopronoms Iel est splendide

Le langage inclusif élargit le champ des possibles : il affine le compliment, nuance le regard, et replace chaque mot dans un paysage où la diversité devient la norme.

Des astuces concrètes pour enrichir son vocabulaire et valoriser chacun

Adopter le vocabulaire inclusif, c’est choisir la diversité des mots, s’appuyer sur les recommandations officielles, et s’entraîner à varier les expressions. Le Haut Conseil à l’égalité encourage la féminisation et la double flexion : « un candidat ou une candidate », « beaux et belles ». Cette vigilance s’impose désormais dans les offres d’emploi, les manuels scolaires (pensez aux éditions Hatier) ou la communication publique.

  • Misez sur les adjectifs épicènes : « remarquable », « admirable », « éclatant ». Ils valorisent sans assigner de genre.
  • Pratiquez l’accord de proximité : « des regards et des voix belles », pour que l’adjectif épouse le nom le plus proche.
  • Essayez la méthode FALC (facile à lire et à comprendre), plébiscitée pour l’accessibilité, notamment auprès des publics en situation de handicap.

L’écriture inclusive n’est pas un effet de mode, mais une réponse concrète à la nécessité de rendre visibles toutes les nuances de genre et de situation. Cette dynamique irrigue le français, accompagne la transformation des mentalités, modifie la norme dans l’espace public, et impose une nouvelle attention aux mots. Cherchez la clarté, respectez la diversité, et gardez le texte vivant.

beauté diversité

Nuancer ses compliments : trouver le mot juste selon le contexte

Choisir la bonne formule, c’est viser la précision plutôt que la banalité. « Beau », lesté de tout un héritage culturel, ne suffit plus aujourd’hui. L’écriture inclusive offre des alternatives : nuancer, contextualiser, ajuster le compliment à la situation.

  • Au travail, préférez « travail remarquable », « présentation soignée », « réalisation élégante ». Le compliment s’ancre dans le concret, loin des ambiguïtés.
  • Pour une création : parlez d’« esthétique singulière », de « force expressive », de « grande finesse ». Le langage épicène met en avant la qualité, pas l’apparence.

La lisibilité ne doit jamais être sacrifiée. Le point médian, gage d’inclusion, peut rendre le texte moins accessible ou brouiller le référencement (SEO) sur le web. Dans ces cas-là, privilégiez les adjectifs neutres : « personne inspirante », « présence lumineuse », « créativité éclatante ».

Contexte Formulation inclusive
Réunion Intervention pertinente
Entretien Parcours impressionnant
Création artistique Œuvre saisissante

Choisir chaque mot avec soin, c’est affirmer une volonté : reconnaître la richesse de chacun. L’écriture inclusive fait bouger les lignes. Elle invite à inventer, à réinventer, à préférer la nuance à la facilité. La langue évolue, et, avec elle, notre façon d’admirer l’autre, dans toute sa splendeur.